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1. His head full of novels of adventure and romance, a teenager would like to play the part of a hero. Maturity teases him like the smells of summer evenings, like streetlights and wine at smoky cafés. 2. A wisp of a woman waits by a tree on the promenade. The streetlight glimmers from a bobble in her hair. She pretends to be beautiful and serious, so he decides to play along with her. 3. She’s left her leash behind her on a bench. Poverty and confusion give her an air of mystery. He’s lost his inhibition as though it were a dream. Naïveté gives him a fictional bravery. 4. She forgives him his clichéd advances. His innocence suits her better than her uncle’s intimacies. She would rather not know his age, and he forgets to ask for her name or address.
I On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. —Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Ces cafés tapageurs aux lustres éclatants! —On va sous les tilleuls verts de la promenade, Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin! L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière; Le vent chargé de bruits,—la ville n’est pas loin,— A des parfums de vigne et des parfums de bière . . . II —Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon D’azur sombre, encadré d’une petite branche, Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond Avec de doux frissons, petite et toute blanche . . . Nuit de juin! Dix-sept ans!—On se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête . . . On divague; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête . . . III Le cœur fou Robinsonne à travers les romans, —Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère, Passe une demoiselle aux petits airs charmants, Sous l’ombre du faux-col effrayant de son père . . . Et, comme elle vous trouve immensément naïf, Tout en faisant trotter ses petites bottines, Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif . . . —Sur vos lèvres alors meurent les cavatines . . . IV Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au moi d’août. Vous êtes amoureux.—Vos sonnets la font rire. Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût. —Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire . . .! —Ce soir-là, . . . —vous rentrez aux cafés éclatants, Vous demandez des bocks ou de la limonade . . . —On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.