Natural course by Tom Sharp

1. A beginning—lithe, light, alive— reflecting a moment, a rivulet accumulating in a movement. The sky, a hill, a stream— the child puts on a dress, delicate and beautiful. 2. The water gets murky; weeds and reeds impede its flow, and the whole assumes a fullness, an opacity with its own demands. 3. She has her own gifts, her own ways—her offspring are her main concerns. No civilization, no city and no farm survives without her. 4. She might have been a ballerina, an angel, but that was a dream. There’s much to do, too little, too much, too good, too bad. 5. The flow diminishes into salty mudflats, unnavigable reaches. From a distance, its light and shade are beautiful.

Mémoire by Arthur Rimbaud

I L’eau claire; comme le sel des larmes d’enfance; L’assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes; La soie, en foule et de lys pur des oriflammes Sous les murs dont quelque pucelle eut la défense; L’ébat des anges;—non . . . le courant d’or en marche, Meut ses bras, noirs, et lourds, et frais surtout, d’herbe. Elle, Sombre, ayant le ciel bleu pour ciel de lit, appelle Pour rideaux l’ombre de la colline et de l’arche. II Eh! l’humide carreau tend ses bouillons limpides! L’eau meuble d’or pâle et sans fond les couches prêtes. Les robes vertes et déteintes des fillettes Font les saules, d’où sautent les oiseaux sans brides. Plus pure qu’un louis, jaune et chaude paupière Le souci d’eau—ta foi conjugale, ô l’Épouse!— Au midi prompt, de son terne miroir, jalouse Au ciel gris de chaleur la sphère rose et chère. III Madame se tient trop debout dans la prairie Prochaine où neigent les fils du travail; l’ombrelle Aux doigts; foulant l’ombelle; trop fière pour elle Des enfants lisant dans la verdure fleurie Leur livre de maroquin rouge! Hélas, Lui, comme Mille anges blancs qui se séparent sur la route, S’éloigne par delà la montagne! Elle, toute Froide, et noire, court! après le départ de l’homme! IV Regrets des bras épais et jeunes d’herbe pure! Or des lunes d’avril au cœur du saint lit! Joie Des chantiers riverains à l’abandon, en proie Aux soirs d’août qui faisaient germer ces pourritures! Qu’elle pleure à présent sous les remparts: l’haleine Des peupliers d’en haut est pour la seule brise. Amis, c’est la nappe, sans reflets, sans source, grise— Un vieux dragueur, dans sa barque immobile, peine. V Jouet de cet œil d’eau morne, je n’y puis prendre, Ô canot immobile! ô bras trop courts! ni l’une Ni l’autre fleur; ni la jaune qui m’importune, Là; ni la bleue, amis, à l’eau couleur de cendre. Ah! la poudre des saules qu’une aile secoue! Les roses des roseaux dès longtemps dévorées! . . . Mon canot toujours fixe; et sa chaîne tirée Au fond de cet œil d’eau sans bords—à quelle boue? Est-elle almée? . . . aux premières heures bleues Se détruira-t-elle comme les fleurs feues . . . Devant la splendide étendue où l’on sente Souffler la ville énormément florissante! C’est trop beau! c’est trop beau! mais c’est nécessaire —Pour la Pêcheuse et la chanson du corsaire, Et aussi puisque les derniers masques crurent Encore aux fêtes de nuit sur la mer pure!