Mother Earth by Tom Sharp

1. There are equivalencies, but let’s not get carried away, since we only imagine her willing consent, in a sense. Let her do what she does best, which is to let things rot, to let seeds sprout and roots grow. She’s not all sunshine and gentle breezes, but fierce wind and freezing ice, volcanoes, floods, and forest fires. There are gods that symbolize both sides. Let’s not get simplistic and just choose one. I’ll never be as free, never unreservedly feel as free as beetles eating a tree’s cambium layer, or the way coyote love rabbits, birds, and insects, or as robins drunk on pyracantha berries. They say trees communicate by their roots, so why shouldn’t they feel good when it rains? Surely sharks feel good when they eat fish, and grizzly bears feel good just being alive. Mankind has a place in this, which he’s abused. We’ve been out of control like rabbits where there aren’t enough coyotes. Sure, earth nurtures us, too, but let’s call that malicious neglect. 2. I’m not just a cynic; I love our earth. I love its places, its fruits, its animals. I love its mountains, rivers, and valleys. I love lakes and oceans, hills and shores. I love its sunrises and sunsets. All of it, active and passive, is beautiful to me, like cliffs above a shore, like fog over water, like eucalyptus rustling in a light wind, like red raspberries hanging among leaves, like maple trees turning a thousand colors. 3. When will we learn? When will we listen? When will we read our poets meaningfully? When will oppression cease to be rewarding? When will we treat everything as our children, as our betters, or at least as our equals? Why not find as much pleasure in other lives as we find in our lovers, as I mean when it’s good. 4. Yes, humans are glorious; we should be proud. It seems we would be even more glorious if we didn’t foul our own nests, if we didn’t waste our days with hatred, or harm others, or fail to help them. Both the familiar and the sacred have good things to teach us.

Soleil et chair by Arthur Rimbaud

Le Soleil, le foyer de tendresse et de vie, Verse l’amour brûlant à la terre ravie, Et, quand on est couché sur la vallée, on sent Que la terre est nubile et déborde de sang; Que son immense sein, soulevé par une âme, Est d’amour comme dieu, de chair comme la femme, Et qu’il renferme, gros de sève et de rayons, Le grand fourmillement de tous les embryons! Et tout croît, et tout monte! Ô Vénus, ô Déesse! Je regrette les temps de l’antique jeunesse, Des satyres lascifs, des faunes animaux, Dieux qui mordaient d’amour l’écorce des rameaux Et dans les nénufars baisaient la Nymphe blonde! Je regrette les temps où la sève du monde, L’eau du fleuve, le sang rose des arbres verts Dans les veines de Pan mettaient un univers! Où le sol palpitait, vert, sous ses pieds de chèvre; Où, baisant mollement le clair syrinx, sa lèvre Modulait sous le ciel le grand hymne d’amour; Où, debout sur la plaine, il entendait autour Répondre à son appel la Nature vivante; Où, les arbres muets, berçant l’oiseau qui chante, La terre berçant l’homme, et tout l’Océan bleu Et tous les animaux, aimaient, aimaient en Dieu! Je regrette les temps de la grande Cybèle Qu’on disait parcourir, gigantesquement belle, Sur un grand char d’airain, les splendides cités; Son double sein versait dans les immensités Le pur ruissellement de la vie infinie. L’Homme suçait, heureux, sa mamelle bénie, Comme un petit enfant, jouant sur ses genoux. —Parce qu’il était fort, l’Homme était chaste et doux. Misère! Maintenant il dit: Je sais les choses, Et va, les yeux fermés et les oreilles closes; —Et pourtant, plus de dieux! plus de dieux! l’Homme est Roi! L’Homme est Dieu! Mais l’Amour, voilà la grande Foi! Oh! si l’homme puisait encore à ta mamelle, Grande mère des dieux et des hommes, Cybèle; S’il n’avait pas laissé l’immortelle Astarté Qui jadis, émergeant dans l’immense clarté Des flots bleus, fleur de chair que la vague parfume, Montra son nombril rose où vint neiger l’écume, Et fit chanter, Déesse aux grands yeux noirs vainqueurs, Le rossignol aux bois et l’amour dans les cœurs! II Je crois en toi! Je crois en toi! Divine mère, Aphrodite marine!—Oh! la route est amère Depuis que l’autre Dieu nous attelle à sa croix; Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c’est en toi que je crois! —Oui l’Homme est triste et laid, triste sous le ciel vaste, Il a des vêtements, parce qu’il n’est plus chaste, Parce qu’il a sali son fier buste de Dieu, Et qu’il a rabougri, comme une idole au feu, Son corps olympien aux servitudes sales! Oui, même après la mort, dans les squelettes pâles Il veut vivre, insultant la première beauté! —Et l’Idole où tu mis tant de virginité, Où tu divinisas notre argile, la Femme, Afin que l’homme pût éclairer sa pauvre âme Et monter lentement, dans un immense amour, De la prison terrestre à la beauté du jour, La femme ne sait plus même être courtisane! —C’est une bonne farce! et le monde ricane Au nom doux et sacré de la grande Vénus! III Si les temps revenaient, les temps qui sont venus! —Car l’Homme a fini! l’Homme a joué tous les rôles! Au grand jour, fatigué de briser des idoles Il ressuscitera, libre de tous ses Dieux, Et, comme il est du ciel, il scrutera les cieux! L’Idéal, la pensée invincible, éternelle, Tout le dieu qui vit, sous son argile charnelle, Montera, montera, brûlera sous son front! Et quand tu le verras sonder tout l’horizon, Contempteur des vieux jougs, libre de toute crainte, Tu viendras lui donner la Rédemption sainte! —Splendide, radieuse, au sein des grandes mers Tu surgiras, jetant sur le vaste Univers L’Amour infini dans un infini sourire! Le Monde vibrera comme une immense lyre Dans le frémissement d’un immense baiser: —Le Monde a soif d’amour: tu viendras l’apaiser. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV Ô splendeur de la chair! ô splendeur idéale! Ô renouveau d’amour, aurore triomphale Où, courbant à leurs pieds les Dieux et les Héros Kallipige la blanche et le petit Éros Effleureront, couverts de la neige des roses, Les femmes et les fleurs sous leurs beaux pieds écloses! Ô grande Ariadné, qui jettes tes sanglots Sur la rive, en voyant fuir là-bas sur les flots, Blanche sous le soleil, la voile de Thésée, Ô douce vierge enfant qu’une nuit a brisée, Tais-toi! Sur son char d’or brodé de noirs raisins, Lysios, promené dans les champs Phrygiens Par les tigres lascifs et les panthères rousses, Le long des fleuves bleus rougit les sombres mousses. Zeus, Taureau, sur son cou berce comme un enfant Le corps nu d’Europé, qui jette son bras blanc Au cou nerveux du Dieu frissonnant dans la vague, Il tourne lentement vers elle son œil vague; Elle, laisse traîner sa pâle joue en fleur Au front de Zeus; ses yeux sont fermés; elle meurt Dans un divin baiser, et le flot qui murmure De son écume d’or fleurit sa chevelure. —Entre le laurier-rose et le lotus jaseur Glisse amoureusement le grand Cygne rêveur Embrassant la Léda des blancheurs de son aile; —Et tandis que Cypris passe, étrangement belle, Et, cambrant les rondeurs splendides de ses reins, Étale fièrement l’or de ses larges seins Et son ventre neigeux brodé de mousse noire, —Héraclès, le Dompteur, qui, comme d’une gloire Fort, ceint son vaste corps de la peau du lion, S’avance, front terrible et doux, à l’horizon! Par la lune d’été vaguement éclairée, Debout, nue, et rêvant dans sa pâleur dorée Que tache le flot lourd de ses longs cheveux bleus, Dans la clairière sombre où la mousse s’étoile, La Dryade regarde au ciel silencieux . . . —La blanche Séléné laisse flotter son voile, Craintive, sur les pieds du bel Endymion, Et lui jette un baiser dans un pâle rayon . . . —La Source pleure au loin dans une longue extase . . . C’est la Nymphe qui rêve, un coude sur son vase, Au beau jeune homme blanc que son onde a pressé. —Une brise d’amour dans la nuit a passé, Et, dans les bois sacrés, dans l’horreur des grands arbres, Majestueusement debout, les sombres Marbres, Les Dieux, au front desquels le Bouvreuil fait son nid, —Les Dieux écoutent l’Homme et le Monde infini!