Halloween ball by Tom Sharp

Nothing’s sacred on Halloween, or, rather, anything sacred is bound to be desecrated. Pay attention, if you can identify the dancers, to see who thinks death and wickedness are fun. Here’s the slave master, with his leather whip. Here—his minions swinging leather tails. Werewolves, witches, sinners pierced with arrows, priests with rotting nostrils and bleeding gums. The undertaker, with his tall top hat, joins the dance. A dead man’s arm dangles from his pocket. His hands are dripping with blood but lunatic ghouls lustily lick it clean. Sir Beelzebub dances with skeletons. Skeletons beat the hanged man’s horse. They pretend a puppet master pulls their strings so they don’t have to feel responsible.

Bal des pendus by Arthur Rimbaud

Au gibet noir, manchot aimable, Dansent, dansent les paladins, Les maigres paladins du diable, Les squelettes de Saladins. Messire Belzebuth tire par la cravate Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel, Et, leur claquant au front un revers de savate, Les fait danser, danser aux sons d’un vieux Noël! Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles: Comme des orgues noirs, les poitrines à jour Que serraient autrefois les gentes damoiselles, Se heurtent longuement dans un hideux amour. Hurrah! les gais danseurs, qui n’avez plus de panse! On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs! Hop! qu’on ne sache plus si c’est bataille ou danse! Belzebuth enragé râcle ses violons! Ô durs talons, jamais on n’use sa sandale! Presque tous ont quitté la chemise de peau: Le reste est peu gênant et se voit sans scandale. Sur les crânes, la neige applique un blanc chapeau: Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées, Un morceau de chair tremble à leur maigre menton: On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées, Des preux, raides, heurtant armures de carton. Hurrah! la bise siffle au grand bal des squelettes! Le gibet noir mugit comme un orgue de fer! Les loups vont répondant des forêts violettes: À l’horizon, le ciel est d’un rouge d’enfer . . . Holà, secouez-moi ces capitans funèbres Qui défilent, sournois, de leurs gros doigts cassés Un chapelet d’amour sur leurs pâles vertèbres: Ce n’est pas un monstier ici, les trépassés! Oh! voilà qu’au milieu de la danse macabre Bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou Emporté par l’élan, comme un cheval se cabre: Et, se sentant encor la corde raide au cou, Crispe ses petits doigts sur son fémur qui craque Avec des cris pareils à des ricanements, Et, comme un baladin rentre dans la baraque, Rebondit dans le bal au chant des ossements. Au gibet noir, manchot aimable, Dansent, dansent les paladins, Les maigres paladins du diable, Les squelettes de Saladins.